Impliqué depuis l'origine dans la construction d'une Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique, ARGA, comptant tant d'amis au sein de cette alliance, au premier rang desquels Ousmane Sy, qui en était jusqu'il y a peu le coordonnateur et qui vient de devenir, dans la tourmente, Secrétaire Général de la Présidence malienne, comment ne me sentirais-je pas concerné dans ma chair et mon esprit par ce qui se passe au Mali ?

Nous savions, au sein de l'ARGA, qu'un processus de destabilisation de l'ensemble de la zône saharienne était en route, que se créait une vaste zône de non droit et que seule une solution régionale était efficace. Mais ce dialogue régional, impliquant nécessairement l'Algérie, n'a pas eu lieu.

Nous savions aussi que des élections libres, de surcroit dans un contexte de multiplication de partis politiques sans vraie base sociale, ne garantirait pas une gouvernance légitime aux yeux de la population. L'ARGA a d'ailleurs fait l'analyse des vertus qui étaient traditionnellement attendues par la population d'un dirigeant et ce ne sont pas les mécanismes électoraux qui assurent que les dirigeants ont ces vertus.

Le Forum mulit-acteurs malien sur la gouvernance, qui fonctionne depuis 2008, la réflexion sur la légitimité du pouvoir et sur le pluralisme juridique, les expériences de renouvellement des modes de conception et de gestion des services publics de base, l'amorce d'une conférence malienne de citoyens sont autant de contributions au renouvellement de la gouvernance.

L'intervention militaire française était indispensable à court terme mais qu'elle ne peut s'attaquer aux causes mêmes de la crise malienne et sahélienne. Elle devra être suivie d'un processus complexe de refondation de la gouvernance et d'élaboration d'un nouveau projet économique.

L'expérience de la fph, avec les ateliers de paix et la réunion, sur un site web de référence, Irénées , des composantes d'un art de la paix peuvent aussi être mises à disposition des Maliens.

La nécessité de reconstruire le Mali après la crise offre un débouché politique essentiel à tous les travaux de l'ARGA. L'Alliance a déjà été sollicitée à plusieurs reprises pour aider à dénouer des conflits ou amorcer une réconciliation, au Togo, en Côte d'Ivoire. Elle est placée au Mali devant un défi historique. J'ai confiance en sa capacité à relever ce défi.

Cela supposera que les partenaires du Mali, la France en tête, soient capables de mettre au service de la construction d'une paix durable une fraction au moins des moyens financiers alloués à l'opération militaire en veillant à ce que ce soit bien des Africains, dont je peux témoigner à travers mon expérience de l'ARGA le haut niveau de réflexion, qui conduisent le processus.