Tout est prêt pour célébrer en grande pompe le centième anniversaire du déclenchement de la grande guerre. On glorifiera les morts. On maudira la guerre. On chantera la paix. Mais on passera à côté de l'essentiel.

Les ouvrages érudits ou émouvants vont fleurir, racontant la lente montée vers une guerre à laquelle tout le monde se préparait, voire aspirait, et qu'il a suffi d'une étincelle, l'assassinat de Sarajevo, pour provoquer le fatal engrenage.

La seule question qui vaille aujourd'hui, c'est l'avenir. Or, qui ne voit qu'au plan mondial les mêmes causes qu'il y a un siècle peuvent en venir à produire les mêmes effets. En plus grave. Concurrence pour l’hégémonie et pour le contrôle des matières premières mondiales. Mondialisation sans régulation. Accumulation de ressentiments nés de l'histoire. Absence de processus de réconciliation en Asie au contraire de ce qui s'est passé en Europe après 1945. Crainte des Américains devant une montée en puissance chinoise qui semble irrésistible. Sentiment d'encerclement des Chinois comme, il y a un siècle, des Allemands. C'est à prévenir ces enchainements funestes que devrait servir la célébration de 1914 !

Depuis le début du 21e siècle, les négociations mondiales vont d'échec en échec. Quand un typhon ravage les Philippines, les négociations diplomatiques sur le changement climatique piétinent lamentablement. Nous gérons les interdépendances mondiales, entre les sociétés, entre l'humanité et la biosphère de la même manière que l'on négociait, il y a deux siècles, le Traité de Vienne. Il n'y a pourtant d'intérêt « national » que parce qu'il y a des Etats pour le construire et l'opposer aux autres intérêts nationaux. Aujourd'hui, un seul intérêt compte, celui de la survie de l'humanité.

On veut célébrer dignement 1914 ? on veut en faire une mémoire d'avenir ? Que la France convoque une grande Assemblée Mondiale de Citoyens où l'on traitera de nos affaires communes en cessant de s'en remettre pour cela à des diplomaties et des Etats pris dans un jeu sans issue. Alors la France des Etats généraux de 1789 aurai mérité de son histoire, bien mieux qu'en fleurissant les monuments aux morts.