Dans son livre « Reconstruire l’Afrique », Ousmane Sy qui a conduit la décentralisation au Mali souligne la nécessité de « reconstruire l’Afrique par le bas ». Les événements de 2012 au Mali ont révélé la faiblesse d’un État malien que pourtant les bailleurs de fonds de tout poil présentaient comme un des « bons élèves » de l’Afrique.

Les travaux que j’ai menés avec l’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique (ARGA) sur la sortie de crise au Mali, avec l’appui de la Commission Européenne, ont montré que l’enjeu n’est pas de « refaire comme avant » après une crise mais bel et bien de refonder le Mali, son État, ses forces de sécurité, son économie et même... l’aide internationale.

Savoir si les bailleurs de fonds internationaux auront la capacité de se réformer, si la Minusma, la mission de l’ONU au Mali, sera capable de ne pas plaquer sur le pays des schémas d’action inventés dans un autre contexte, si le nouveau pouvoir malien issu des urnes sera capable de porter une stratégie de refondation à long terme est une autre paire de manches.

Mais en tout état de cause, il y a un point qui fait consensus : la nécessité de refonder la décentralisation qui, après un départ prometteur dans les années 90, a stagné ou régressé au cours des deux mandats de ATT.

L’un des premiers actes du Président Keita a été de tenir en octobre 2013 les États généraux de la décentralisation. Ne pouvant y participer, j’ai transmis une petite vidéo décrivant ce que devait être, selon moi, les principes d’une décentralisation au 21e siècle.À vrai dire, cette vidéo ne vise pas uniquement le cas malien : j’ai bien peur que les lois de décentralisation en préparation en France méconnaissent elles aussi ces principes ! Ils sont au nombre de sept :

  • permettre une approche globale des problèmes ;
  • favoriser la coopération entre acteurs ;
  • la gestion locale permet de combiner différentes traditions juridiques ;
  • la gouvernance à multi-niveaux ;
  • le contrôle citoyen sur l’action publique ;
  • la participation à des réseaux nationaux et internationaux d’échange d’expériences ;
  • permettre des stratégies à long terme.

Voir la vidéo (7 mn 45s) :

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