Quelle surprise et quelle joie de lire dans le Courrier international n°1266 un article de Der Spiegel, publié le 26 janvier dernier, qui est la traduction presqu'au mot à mot du texte que j'avais écrit et diffusé il y a près de trois ans : « La relance de la croissance française et européenne : aucune solution classique n’est praticable, il faut avoir recours à une approche nouvelle » (voir en annexe ci-dessous).

Je ne dis pas que le journaliste connaissait mon texte et d'ailleurs je m'en fiche, ce n'est pas une question de droits d'auteur. Je dis seulement que ma démonstration est reprise et c'est ce qui compte dans la diffusion des idées.

Je constatais en effet qu'avec les outils économiques classiques, libéraux ou néo-keynésiens, les objectifs de l'UE – relancer la croissance, rétablir les comptes publics, corriger les déséquilibres structurels du commerce extérieur, conduire la transition vers des sociétés durables en réduisant la dépendance à l'égard de l'énergie fossile – étaient un système d'équations sans solution et qu'il fallait donc non pas supprimer un des objectifs mais comprendre pourquoi c'était sans solution.

Et je montrais que cela tenait aux blocages intellectuels associés à la conception classique de la monnaie : non pas le dogme de la monnaie unique mais... le dogme unique de la monnaie.

Il fallait donc en venir à une conception plurielle de la monnai e: pluralité associée au niveau d'échange, depuis des monnaies locales jusqu'à une monnaie nationale parallèle ; pluralité selon la nature des consommations pour ne plus utiliser la même unité de compte et le même moyen de paiement pour ce qu'il faut épargner – la consommation d'énergie fossile – et ce qu'il faut au contraire dépenser – la rémunération du travail humain.

Le Spiegel pour l'instant ne reprend que la première partie du raisonnement ; mais le second viendra quand l'opinion comprendra, peut être à l'occasion de la COP21, la seconde nature de l'impasse intellectuelle actuelle.